Selon Carlo Nies, partner et sales director de CEL, les intégrateurs qui sauront répondre aux exigences de réactivité et qui pourront se prévaloir d’un solide ancrage local tireront leur épingle du jeu.
Interview par : Jean-Marc Streit 27.05.2014
Monsieur Nies, quel regard portez-vous sur l’évolution vécue ces dernières années ?
«Nous avons clairement constaté une évolution dans la façon dont les solutions sont déclinées selon les besoins et le métier du client. Le conseil est sans doute devenu plus important, ce qui implique un besoin accru en accompagnement et donc un partenariat plus étroit entre clients et intégrateur. Cet accompagnement, plus proche, plus régulier et approfondi s’avère bénéfique pour les deux parties. La crise a très certainement eu un effet positif quant au volet conseils et services. Cela a incité, voire obligé, nombre d’entreprises à se remettre en question dans leurs stratégies, supports et outils, à se livrer à une analyse détaillée de leurs points forts et points faibles. Nous avons aussi observé une attente accrue de réactivité, ce qui bénéficie aux sociétés locales, qui jouent la carte de la proximité et de la connaissance du marché.
Mais il faut aussi pouvoir nuancer les effets de la globalisation. L’externalisation par exemple, qui résulte de la globalisation, peut effectivement avoir des impacts positifs pour notre secteur.
Du coup, comment voyez-vous l’avenir ?
«La globalisation va continuer à impacter le Luxembourg, c’est évident. Il sera alors d’autant plus important pour les entreprises de développer des partenariats avec des intégrateurs qui disposent de ressources en local et qui sont donc les plus à même d’établir des dialogues permanents sur le terrain. Le fameux slogan ‘penser global, agir local’ prend alors tout son sens. En parallèle, notre gouvernement affiche sa volonté de réduire les dépenses publiques. Ceci est louable, toutefois j’ose espérer que cet exercice ne s’arrêtera pas aux seuls prestataires externes. Enfin, le développement du green IT est une opportunité que nous devons saisir, d’autant plus que la sensibilité pour tout ce qui concerne le développement durable est de plus en plus grande.
Pour CEL, l’efficacité énergétique est une des priorités.
Cela fait-il évoluer les besoins en ressources humaines?
«Nous continuons à recruter du personnel, mais avec moins de facilité qu’auparavant, car les profils recherchés ne sont plus purement techniques. Il faut pouvoir combiner les volets conseil et connaissance métier du client. Ces critères ne correspondent que rarement à des candidats qui sortent de l’école et il est important pour les profils juniors de passer par un processus d’intégration dans l’entreprise. Mais, là où le bât blesse, c’est que cette étape est souvent longue. Or, les jeunes recrues, et on les comprend, veulent évoluer plus vite et montrent donc une certaine impatience. Enfin, le secteur public reste toujours un concurrent important qui attire beaucoup de jeunes profils intéressants.
Dans l’absolu, que changeriez-vous pour le bien du secteur?
«Si j’en avais la possibilité, je ferais en sorte d’influencer les sociétés à retourner vers des processus de décisions simplifiés. Nous sommes trop souvent confrontés à des circuits lourds et complexes qui ont un impact négatif sur la qualité et la performance de la solution retenue in fine. Parfois, on a l’impression que le processus décisionnel est plus important que la solution à mettre en place. Plus de pragmatisme et de fluidité, cela ne nuirait pas.»